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Katitsa

Katitsa

Il y a quelques mois, Anna, 57 ans, était venue me consulter après avoir assisté à une projection du film

Django Reinhardt, qui retrace le parcours de ce musicien tzigane pendant l'occupation allemande lors de la Seconde Guerre mondiale. Durant cette période, les tziganes étaient pourchassés, enfermés et massacrés par les Nazis.

Ce film lui avait procuré un trouble profond, et avait fait remonter à la surface de sa conscience un chagrin immense venu du fin fond de sa mémoire émotionnelle. Ce sentiment confus avait toujours été présent en elle; il s'agissait d'un poids dans sa gorge et dans ses poumons qui ne l'avait jamais quitté. Lorsque Anna me le décrit, des larmes coulèrent sur ses joues sans s'arrêter, formant un véritable océan de tristesse ou, devrais-je dire, de libération. J'ai alors en effet compris que ce chagrin qui lui pesait tant qu'il était une véritable bombe à retardement.

J'ai commencé par lui demander des informations sur les origines de sa famille. Elle me révéla que sa grand-mère maternelle, Macha, était une tzigane qui s'était sédentarisée en Hongrie avec son époux Andras, réussissant ainsi à échapper au génocide contre les tziganes d'Allemagne. La famille d'Ana ne s'épanchait jamais sur ce sujet.

Durant son adolescence Anna apprit le décès de Macha, puis celui d'Andras, à seulement quelques mois d'intervalle. Suite à ces deux évènements marquants, la jeune fille avait refusé tout contact avec la branche maternelle de sa famille.

La projection du film Django Reinhardt avait ainsi touché son coeur, qui s'était soudainement totalement ouvert à sa mémoire émotionnelle, jusque-là profondément enfouie en elle. Son coeur s'ouvrit d'un coup comme on ouvre un livre, sa mémoire refit surface brutalement, comme contenue trop longtemps et l'envahit entièrement.

Elle se souvint de choses refoulées, oubliées, comme par exemple des réunions familiales égayées par les notes discordantes des violons, guitares et clochettes. Plus qu'une musique dépareillée, les instruments provoquaient de véritables moments de joie chez cette humble famille. Comment ces heureux souvenirs d'enfance avaient-ils bien pu être reniés à ce point là ?.

Afin de pouvoir aider Anna j'ai commencé à traiter le choc émotionnel provoqué par la réapparition soudaine de ces souvenirs grâce à un bouquet floral adapté à son état. Lorsqu'elle comprit qu'elle portait le bagage héréditaire d'un peuple pacifique victime de graves persécutions, elle ressentit une vive douleur qu'il fut urgent de faire disparaître. J'ai alors préconisé une étape patiente de régénération qui consistait à laisser aux élixirs le temps de faire effet et commencer doucement d'apaiser son profond chagrin.

Néanmoins, Anna avait alors un autre poids sur le coeur: celui de la culpabilité d'avoir abandonné la branche maternelle de sa famille. Elle avait en effet compris qu'en reniant une partie de ses origines, elle avait fait une croix sur sa propre identité.

Après quelques mois de thérapie florale, le chagrin et la culpabilité commencent aujourd'hui à s'apaiser, Anna accepte totalement son histoire familiale, et a même récemment décidé de reprendre son nom de baptême, Katitsa. De même cette femme pleine de vie ne décolore plus sa chevelure brune, et ne craint plus que son teint légèrement mat ne trahisse ses origines. Elle est désormais à l'aise dans son corps et dans son esprit, et est heureuse de partager avec ses amis l'histoire chargée de ses aïeuls. Pleine de compassion, Katitsa ouvre désormais son coeur aux autres cultures, et n'hésite jamais à aider les individus défavorisés et déracinés, comme elle l'aurait pu être. Il y a encore certes du travail afin de réparer des cicatrices, d'autres peut-être ne disparaîtrons jamais, mais Katitsa est aujourd'hui sur le bon chemin: celui de la renaissance et de l'acceptation de soi.


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