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Catharina

Ma rencontre avec Catharina s’est faite grâce à sa fille, Chiara. Celle-ci s’inquiétait en effet au sujet de sa mère, âgée de 55 ans, qui ne parvenait pas à prendre goût à la vie depuis le décès de Monnia, 79 ans, qui était la maman de Catharina. Un décès est toujours extrêmement difficile, et celui de cette femme appréciée de tous était particulièrement compliqué à gérer pour sa famille. Si Chiara profitait d’une aide psychologique, Catharina refusait, elle, toute consultation.

Une fois contactée, je suis allé les voir chez eux. J’ai eu le plaisir de découvrir une grande propriété qui bordait une forêt où la chasse était interdite. On pouvait facilement deviner la présence foisonnante de la vie dans ces bois : coqs de bruyère, chamois et sangliers y trouvaient en effet refuge. Lorsque j’ai sonné à la porte, c’est Chiara qui m’a ouvert. Sa mère était alitée, comme souvent ces derniers temps, et elle refusait d’aller travailler à l’agence immobilière familiale. Son alimentation est à base de viennoiseries et de yaourts lorsque sa fille n’est pas là pour lui faire à manger. Sur la commande de la chambre, je découvre l’urne funéraire, accompagnée de photos et de fleurs. Entretenir un chagrin si grand prêt du lieu où l’on dort n’est jamais une bonne chose.

Nous faisons connaissance, puis nous abordons le décès de Monnia. Pour sa fille Catharina, ça avait été un choc: rien n’indiquait que la mort allait frapper, si ce n’est quelques plaintes au sujet de la fatigue, ce qui avait privé Catharina de toute préparation psychologique. L’absence d’adieux avait ainsi favorisé un état dépressif qui avait été précédé par une phase de colère destructrice. Puis est venue la culpabilité, puisque dans ce genre de cas, l’on estime toujours que l’on aurait pu faire quelque chose. Accompagner la personne chez le médecin, l’obliger à se reposer… Tant d’actes que l’on ne peut que regretter. Il est néanmoins nécessaire de partir sur de nouvelles bases, ce que Catharina n’avait pas su faire, hantée par une réalité douloureuse contre laquelle elle tentait de résister, empêchant ainsi l’énergie de bien circuler dans son corps et dans sa vie.

Je sais immédiatement quoi faire pour essayer de soulager sa peine. Ensemble, nous choisissons la composition d’un bouquet floral en travaillant sur les thèmes de la régénération, de l’espoir, de la restauration et de la protection. Tout cela lui permettrait de pouvoir retrouver confiance en la vie grâce à l’atténuation de son chagrin. Les fleurs ont l’avantage d’accompagner la personne à son rythme, et de ne pas imposer de transition trop brutale.

Deux mois plus tard, nous abordons les thèmes de la culpabilité et de l’acceptation de soi. Catharina ressent toujours des émotions intenses qui étreignent son cœur, qui est incapable de comprendre l’abandon de l’être aimé. L’amour que porte cette fille à sa mère est éternel, et il transcende la mort, aussi c’était mon rôle de faire en sorte qu’il n’empiète pas sur sa vie. Pour cela, je lui donne à respirer différents parfums de couleur : le rose pour la tendresse, et l’argenté afin d’essayer de rééquilibrer ses systèmes énergétiques. Je la convaincs également de faire au moins une heure de marche en forêt par jour, afin de retrouver le contact avec la vie.

Lentement, notre travail se poursuit, avec des hauts et de bas, de nombreuses heures de dialogues. Grâce au temps, nos discussions et mes prescriptions portent leurs fruits et Catharina peut reprendre ses tâches quotidiennes, petit à petit. Elle part même en voyage avec Chiara.

Nous nous revoyons à son retour. Changer d’air lui a fait le plus grand bien, et elle a même décidé d’adopter une jeune chienne, Bonnie, qui rend pleinement l’amour que sa maîtresse lui porte. Avec son caractère un peu empoté et les bêtises qu’elle fait dans la maison, Bonnie est une véritable joie pour Catharina. Celle-ci décide d’ailleurs de reprendre le travail, ainsi que la chorale qu’elle affectionnait autrefois, afin de revoir ses amis.

Mes visites sont désormais de plus en plus espacées. La dernière fois que je suis retournée dans la grande propriété au bord de la forêt, j’ai pu voir un trampoline dans le jardin. Les enfants des maisons voisines s’y rendent souvent, afin de jouer avec Bonnie. Catharina goûte de nouveau à la vie, et a réussi à laisser passer son chagrin. Catharina et Chiara ont organisé une petite cérémonie intime, au cours de laquelle elles ont enterré les cendres de Monnia sous le grand chêne. C’était son arbre préféré dans le jardin, car les biches de la forêt venaient toujours s’y reposer avec leurs faons.

C’est aujourd’hui Catharina qui observe ces biches avec un grand sourire, car elles ne lui rappellent pas le décès de sa maman, mais plutôt tous les bons moments qu’elles aimaient passer ensemble.


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